Grève du crime... création #5
L'AVANT - PREMIERE !!!
C'est donc la dernière résidence de création de GREVE DU CRIME qui s'est déroulée entre le 2 et le 14 avril 2012 à Notre Dame de Monts, sur la côte vendéenne. Un de ces villages gaulois qui résiste, persiste et se démène pour avoir une activité culturelle qui fasse sens. Il faut une vraie volonté politique et un peu de pognon pour accueillir des équipes artistiques en création (surtout une comme la nôtre !), et ils en sont ! Ils ne se contentent pas de programmer des propositions qui flattent le raz de marée touristique estival. Ils osent, ils construisent et ils ont l'audace et la gentillesse d'accueillir les grands moyens et nous les en remercions grandement. Pour nous, c'est génial ! Nous pouvons travailler et ne faire que cela. Les conditions d'accueil contribuent largement à l'efficacité des répétitions.
Le mercredi 11 avril, nous avons présenté l'ensemble de GREVE DU CRIME à environ 150 personnes sous un vent glacial et un ciel menaçant, autour de l'église du village. Une ultime répétition en public. Comme ça fait du bien ! Quel soulagement de partager enfin l'ensemble de nos recherches, de nos choix et de nos errances et de percevoir l'effet qu'ils produisent. "Ils sont restés, ils ont ri, ils ont participé, ils ont suivi... : ça marche ! ... OUF !" Quelle impatience nous avions de savoir comment serait reçu notre nouveau spectacle. A force de répéter, de caler, de changer, de couper, de créer du jeu, de se marrer, de se perdre et de se retrouver, on ne sait plus vraiment à quoi ça ressemble. Ce que nous cherchons : c'est que notre spectacle nous ressemble, que nous soyons justes et sincères. Mais est- ce que nous plairons, est-ce que nous serons entendus et compris, nous ne faisons que le supposer.
Nous
avons encore quelques jours devant nous pour parfaire GREVE DU CRIME avant de présenter cette nouvelle création au grand jour les 12 et 13 mai à Laval (en Mayenne) au festival "Les 3
éléphants". Alors, nous ferons comme pour nous rendre à un mariage : nous irons chez le coiffeur ! Effectuer quelques petites coupes, colorer quelques mèches, rythmer encore notre
chevelure déjà folle. Bref, nous nous ferons beaux et donnerons le meilleur de nous même.
Qu'est ce que c'est long, mais comme c'est passionnant !
Cinq résidences de création depuis plus d'un an avec l'équipe, quatre cessions intenses du comité d'écriture depuis février 2010, une recherche personnelle en cours depuis presque 4 ans ! Malgré la nécessité qui nous pousse à faire tout cela, malgré la résistance de nos envies qui nous fait tenir fermement la barre, si nous en sommes là aujourd'hui, c'est parce qu'un jour on nous a dit : "OUI".
En 2009, j'ai pris mon bâton de pélerin à la main et un premier dossier de présentation de projet de création dans la poche pour trouver des soutiens, des coproductions, des aides à la création, des partenaires... Au bout de 6 mois, beaucoup se sont dit curieux et intéressés, quelques uns ont annoncé qu'ils pourraient peut-être faire quelque chose si le montage de production avançait (c'est à dire, si d'autres s'engageaient avant eux), d'autres n'ont jamais répondu... Alors, un jour d'automne 2009, je me suis rendu à La Paperie à Angers. Au volant de ma ZX, je me disais : "J'en ai ras le bol ! C'est le dernier. Si je n'ai pas une réponse clairement positive, je mets ce projet au frigo. J'ai un carnet rempli d'idées pour monter des spectacles tout simples et tout seul, je peux jouer dans les spectacles des autres, et puis, si je galère et que je veux continuer de jouer dans la rue, je pourrais toujours faire balayeur..." J'y croyais bien sûr, à ce projet, mais je n'étais plus du tout certain de pouvoir en rassembler les moyens de production.
"J'ai envie de dire oui, mais..." A ces mots d'Eric Aubry (directeur de La Paperie), je me suis suspendu à ma branche, sans être trop anxieux, je ne tomberais pas de haut. "... mais, pour t'aider un peu, il faut que nous fassions beaucoup. Alors, nous te proposons non seulement de coproduire GREVE DU CRIME, mais aussi de t'accompagner sur 3 ans et de suivre l'évolution du projet en production déléguée". Quelle chance, quel enthousiasme, quel vent a soufflé dans nos voiles, je repars regonflé à bloc. Dès lors, nous avons cravaché, avancé sur le spectacle et obtenu d'autres soutiens. Je veux exprimer ici notre immense reconnaissance à tous ceux qui ont cru à notre histoire et qui nous ont soutenus d'une manière ou d'une autre. Il y a des aventures comme celle là, qu'on ne mène pas seul.
Nous parlions, en début de semaine avec les membres de la Fédération de Arts de la Rue en Bretagne, des prises de risques que nécessite la création, et il est très important que chaque maillon de la chaîne puisse en prendre : les auteurs, les compagnies, les producteurs, les subventionneurs, les programmateurs et aussi les publics.
Bref ! C'est étonnant de remercier maintenant nos soutiens, alors que ce n'est que le début d'une histoire, mais cette histoire n'aurait pas commencé sans eux. Cette histoire nous souhaitons la poursuivre avec vous !
Bouèb,
A Rennes, le 24 avril 2012.
Des images de l'avant-première :
Grève du crime : avant premiere
Grève du crime : avant première (2)
D'autres articles sur ce blog :
Des vidéos sur les deux premières résidences à La Paperie :