Grève du crime... premières

Publié le par Les Grands Moyens

 

Et voilà !

 

Notre nouveau spectacle de théâtre de rue « GREVE DU CRIME » s'est mis sur les routes, et plus précisément dans les rues. Avec douze représentations au compteur, nous avons pu offrir notre farce politique (au sens « vie de la Cité ») et itinérante, à plus de 3600 spectateurs ! Sans compter à chaque fois mes parents, qui sont venus cinq fois avec un plaisir toujours plus grand.

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Nous avons rencontré un vif succès et reçu d'excellents retours. Certains nous donnent encore du baume au cœur et renforcent nos convictions quand ils se ravivent à notre mémoire. Nous ne résistons pas à l'envie de vous les faire partager : « Ça fait vraiment du bien de se laisser embarquer par votre histoire ! » ; « Quel plaisir de rire de vos espiègleries ! … En plus, vous ne nous prenez pas pour des cons ! Il y a du contenu. » ; « C'est du vrai théâtre et de la vraie rue. » ; « Vous avez pondu une Pièce avec des Actes. Je n'ai pas vu ça dans la rue depuis … je ne sais plus depuis quand... Chapeau ! C'est très audacieux ! » ; « C'est très dynamique. On ne sait jamais où vous nous emmenez, dans la narration comme dans l'espace : je ne savais même plus où j'étais. » ; « Putain, qu'ils sont bons, les comédiens ! » ; « Vous avez des belles trouvailles. Quoiqu'il arrive et où que l'on soit, on voit et on entend toujours ce qu'il se passe. » ; « Franchement, maintenant que j'ai vu ça, je vais attendre que le reste de la journée se passe. » ; « Excellent ! À mon sens, c'est exactement ce qu'il faut faire en ce moment dans la rue. Vous avez vu juste. » Certains de ces retours émanent de la bouche de pairs (et même de repères, voire de grands-pères) des Arts de la Rue dont la reconnaissance nous touche plaisamment.


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Je pourrais continuer à en faire des tartines, mais pour être juste et garder toute proportion, il faudrait aussi que j'y injecte les retours plus mitigés, voire les critiques (rares) de désapprobation. Mais là, mon coach en communication (en fait mon bon et vieil ami et collègue Laurent Decherf) m'a dit : « Surtout, tu dis bien à tout le monde que vous avez tout cartonné : jauge pleine, succès dément, bien au delà de vos attentes, applaudissements assourdissants et interminables, propositions de dates qui frisent avec le doublement de l'équipe ou avec un calendrier de tournée 2013 déjà booké. Comment tu crois qu'ils font, ceux pour qui ça marche ? Ils racontent partout que ça déchire, et alors, même les gens qui n'ont pas vu le spectacle peuvent raconter partout que « c'est vachement bien... il paraît. » Tu le sais déjà Bouèb, tu es trop honnête... »

 

percheC'est loin d'être faux, mais est-ce un défaut ? Peut-on l'être trop ? Ce n'est que ma conduite, je ne suis ni vendeur, ni vantard. Jean-Christophe Baudet (notre Conseiller Théâtre à la DRAC en Bretagne, que j'ai d'ailleurs vu rire, pour la première fois je crois, pendant notre spectacle aux Tombées de la Nuit.) - il me disait l'année précédente, alors que je lui présentais « GREVE DU CRIME » en projet : « C'est étonnant, Bouèb, comme vous faîtes de l'aveu de vos faiblesses avec une grande sincérité. On a envie de vous faire confiance. » Ce comportement franc et naïf semblait donc aussi bien rare dans son bureau.

 

PICT8251J'ai pu en faire à nouveau l'expérience cet été : à la suite d'un message honnête sur la liste rue (liste de diffusion de mails que partagent 1600 professionnels et passionnés des Arts de la Rue), un collègue et néanmoins Président de la Fédération Nationale des Arts de la Rue, me dit, compatissant : « Alors, vous vous êtes plantés à Chalon ? » Mais non, pas du tout ! Sans blague, nous sommes passés tout proche du buzz, mais le spectacle était semble-t-il trop vert (couleur interdite au théâtre), c'est à dire trop jeune pour être victime d'un succès total dépassant tout espoir. C'était la cinquième représentation seulement de la quatrième création seulement d'une jeune compagnie de dix ans seulement. Rappelons ici qu'il serait temps que l'on admette que la création d'un spectacle vivant, qui plus est de rue, n'est pas finalisée avant la vingtième représentation ; et qu'une  compagnie devrait pouvoir émerger avant d'être vieille...

 

PICT8271C'est là que ma naïveté, recouverte d'utopie, me fait oublier que, malgré un gros capital sympathique, un bon terreau de solidarité et un fort penchant à l'amitié spontanée, le milieu professionnel des Arts de la Rue est sous le joug sans merci d'une concurrence sans limite. Est-ce que la dure Loi du Marché doit dicter aux artistes ce qu'ils doivent faire ?

 

PICT8249La Main Invisible du Marché indique, pour la réussite d'une Start Up du théâtre de rue (jeune compagnie qui veut émerger), le chemin vers : une création burlesque de 40 ou 50 minutes en fixe pour 600 spectateurs en famille, avec des prouesses spectaculaires et de la musique joviale (et forte), un idéal de 3 personnes maximum en tournée, un sujet prétexte, un peu anodin mais qui peut avoisiner légèrement le champ de l'éducation culturelle, un coût improbable de moins 349 € par interprète, pourvu qu'il soit en couple, dans la même chambre d'hôtel, qu'il n'ait rien contre les sandwiches et les chips et voyage en train depuis Paris avec des cartes 12-25 qui offrent 50% de réduction.

 

PICT8152Eh bien non ! Nous ne sommes pas fous. Nous faisons ce que nous avons envie de faire et nous le faisons du mieux que nous le pouvons (rappel : les grands moyens = l'excellence des médiocres). Car, si les artistes eux-mêmes se mentaient, s'ils écoutaient les voix vicieuses de la rude et libre concurrence et tentaient de faire des opérations commerciales, les festivals ressembleraient à des foires à "neuneux" de sur-consommation sous-culturelle. Alors ne me dîtes pas qu'il est déjà trop tard. Si nous nous soumettions à ce désastre mondial, qui d'autres que mon paysan boulanger ou mon maraîcher en AMAP pourraient éclairer l'espoir que tout n'est pas vain ??? Mon viticulteur biologique et sans soufre, peut-être...

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Nous avons fait GREVE DU CRIME tel qu'il est, avec tout notre cœur, nos convictions, nos envies, nos besoins et nos désirs les plus profonds. Nous avons rassemblé tout ce que nous avons pu de notre imagination, inventivité, humour, bonne et mauvaise foi. Nous abordons un sujet qui nous vient de loin et qui nous est proche.

 

PICT8353Alors voilà, GREVE DU CRIME bat le pavé avec ces 6 comédien(ne)s (9 personnes en tournées, avec le régisseur, le metteur en scène et le chargé de production), pour une durée de 70 minutes, avec une forme textuelle et itinérante (de poste à poste) sur 80-100 mètres de rue, jouant avec les fenêtres, allant de la voix nue à des passages sonorisés, abordant avec malice un sujet qui pique un peu, et avec un coût (honnête) de 3600 € pour la première représentation et 0,65 €/km depuis Rennes (un seul minibus et sa remorque !).

 

Si nous n'étions pas fous de crier notre vérité, qui le serait ?!?!

 

2012 06 09-17 53 26-vh2762À la rentrée, j'ai affiché, dans mon bureau, une phrase qui m'avait titillé les oreilles il y a quelque temps : « NOUS N'AVONS AUCUN RISQUE DE REUSSIR SANS AVOIR LA CAPACITE DE SE PLANTER. » Si quelqu'un peut me renseigner sur sa provenance, en espérant qu'il ne s'agisse pas de Bill Gates, j'en serais reconnaissant.

 

PICT8315Alors, puisque nous avons pris le risque de la création en compétence de cause, nous allons cravacher ferme pour vous offrir une belle circulation dans les rues francophones dès le printemps prochain ; après avoir peaufiné notre travail, nous allons reconduire notre GREVE DU CRIME lors de deux semaines de reprises en fin de trêve hivernale.

 

Merci (pour votre attention), Bravo (pour tout ce que vous faîtes pour vous, sans vous mentir), et Bon Courage (pour avancer avec le doigt de la Main Invisible dans l'œil) !

 

Bouèb.

A Rennes, le 3 octobre 2012.

 

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D'autres infos, images et commentaires sur la page facebook : Les grands moyens

 

 

Des liens vers des sites ou blog qui parlent de nous :

Les Tombées de la Nuit

Théâtre du blog

Le Furet Mulhousien

Infos Chalon

Vidéo de spectateur

Jacques Livchine

 

 

Vous trouverez d'autres articles, photos et vidéos sur ce blog, concernant le processus de création et le spectacle GREVE DU CRIME. Bonne Promenade !

 

PS : cette année, je n'ai pas joué à Aurillac, alors j'ai demandé une accréditation au festival (pour accéder aux espaces "pro" et boire des coups avec les copains), en laissant mon adresse mail ; depuis c'est incroyable, le nombre de messages que je reçois des compagnies qui disent toutes avoir eu un succès incommensurable au festival Eclat... et on se demande pourquoi les programmateurs ne nous croient plus... Alors, peut on vraiment être trop honnête ?


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